mardi 10 avril 2012

Piloter l'entreprise numérique par le capital immatériel

Résumé :
Pour retracer le parcours de son entreprise vers le numérique, le dirigeant peut recourir à des méthodes comptables d’évaluation de portefeuille d’actifs immatériels. Mais pour projeter la transformation numérique de son entreprise, il lui faudra adopter une approche dynamique du capital immatériel.  
 
L'article en cinq mouvements de pensée : 
 
Auteur : Tru Dô-Khac
Sortie officielle sur Le Cercle Les Echos le 10 avril 2012
 
Régime d'utilisation : Code de la propriété intellectuelle, France
Note de l'auteur :
 
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Piloter l’entreprise numérique par le capital immatériel


Pour retracer le parcours de son entreprise vers le numérique, le dirigeant peut recourir à des méthodes  comptables d’évaluation de portefeuille d’actifs immatériels. Mais pour projeter la transformation numérique de son entreprise,  il lui faudra adopter une approche dynamique du capital immatériel.




Si de nombreux acteurs s’accordent sur la nécessaire mutation numérique de l’entreprise, on se demande toujours si la formule « entreprise numérique » n’est qu’une tournure pour inviter les dirigeants d’entreprises françaises à mieux utiliser l’informatique pour moderniser leur organisation ou si, au contraire, elle désigne une chose objectivable.

Des portefeuilles d’actifs immatériels
À cette question, une première réponse, qui est théorique, passe par la notion de capital immatériel de l’entreprise.

Avec la numérisation, le capital immatériel tend à se confondre avec données de l’entreprise stockées dans les systèmes d’information : bases de clients et de fournisseurs, processus de l’entreprise capturés dans des applications logicielles, sites web de l’entreprise, documents techniques ou industriels mais également juridiques et financiers tels que les contrats commerciaux, de travail, les rapports financiers,…

Ainsi, si on admet un morphisme entre numérique et immatériel, on pourra dire qu’une entreprise est « numérique » dès lors que le taux du capital immatériel dans le capital global dépasse un certain seuil.

Cette proposition est élégante car on peut bénéficier de nombreux travaux sur l’immatériel. Ainsi, une recherche sur le web retournera un institut avançant une segmentation du capital immatériel en dix classes d’actifs : « Client, Fournisseur/Partenaire, Organisationnel, Système d'Information, Marque, Technologique, Humain, Actionnaires, Sociétal, Naturel » [1]. Mais il existe d’autres segmentations intéressantes,
série de volumes, ces manuels ont été présentés en France par quelques prestataires comme l’état de l’art en gestion informatique ; peu après, ces derniers leur attachaient l’étiquette élogieuse de « Best Practices » tout en créant en 2003 une association des utilisateurs ; en 2005, une nouvelle « version » voyait le jour avec la promotion de leur titre collectif et le déploiement d’un système de certification.

Avec l’« édition 2011 », ces ouvrages sont enfin présentés pour ce qu’ils sont, des produits ; initialement de simples documents distribués électroniquement, ces ouvrages ont été transformés par la puissance du web 2.0  en un service numérique complexe : mise à disposition de savoir-faire, exploitation de copyright, partage de réputation par un label, mise en relation commerciale par un réseau social numérique réservé,…

Cette narration fait émerger un parcours de transformation d’une entreprise numérique en cinq étapes : la mise à disposition des produits ; leur utilisation effective ; la constitution d’une communauté de clients ; la naissance d’une marque ; et enfin la facturation pour l’usage des produits dont la valeur financière n’est reconnue ici qu’en toute fin de parcours : une enquête récente suggérait que seulement 25 % des usagers des copyright des référentiels SI estimaient normal le paiement d’une redevance à leurs ayant-droits [4]…

proposées notamment par des chercheurs académiques. Par exemple, on citera une organisation arborescente qui divise le capital immatériel en trois branches, « relationnel, humain et structurel », le capital structurel étant à son tour segmenté en « capital organisationnel, intellectuel et système d’information »[2].

Pour évaluer le capital immatériel, il suffira de réaliser les évaluations des segments et pour évaluer un capital immatériel on fera la somme des évaluations des segments.

En conduisant régulièrement des évaluations, le dirigeant peut retracer le cheminement de l’entreprise vers le numérique qu’il pourra présenter lors des bilans annuels avec ses actionnaires. Mais lorsqu’il s’agit de projeter au quotidien le résultat de décisions de gestion, une approche dynamique des opérations immatérielles est nécessaire.

Pour imaginer une telle approche, il faut s’éloigner du plan comptable et retourner sur le terrain pour étudier le développement de produits numériques remarquables.

Les phases d’un produit numérique emblématique
Dans le secteur informatique, les « référentiels SI », qui sont des ouvrages professionnels en gestion informatique, sont des produits emblématiques à cause de leur large diffusion.

Une reconstitution de la diffusion de l’un d’entre eux parmi la communauté des responsables informatiques et de leurs prestataires peut être intéressante [3].

A l’origine, c’étaient des manuels « qualité » utilisés dans les grands centres informatiques de l’administration anglaise des années 90 ; publiés au début
des années 2000 sous la forme d’une
Une dynamique du capital immatériel à cinq phases
Une étude épistémologique et historique sur d’autres référentiels SI ferait apparaître des étapes similaires de création de valeur mais avec une chronologie différente.

De cette étude, nous avançons une approche dynamique du capital immatériel en cinq phases que nous organisons dans la séquence « création, réputation, relation, distribution, utilisation » [5] ; d’une création naît un capital immatériel ; la publication de cette création amène une réputation qui génère des relations commerciales source de services dont l’exploitation effective crée de la valeur.

Outre l’exemple des référentiels SI produits par des entités aux moyens marketing puissants, - une agence d’Etat, des universités prestigieuses, des associations professionnelles internationales-, ces étapes sont celles qu’un simple expert indépendant escompte franchir en publiant un ouvrage professionnel dans lequel il représente son savoir-faire et dont il aura veillé à bien retenir les droits d’auteur patrimoniaux nécessaires pour l’exercice d’une activité de conseil. Ce sont aussi celles d’un professeur d’université exerçant également pour son propre compte des activités de conseil.


 
Références :
[1] L’Observatoire de l’Immatériel, une association loi 1901.
[2] D’après le Pr. Ahmed Bounfour, 2nd workshop, programme international de recherche ISD/CIGREF, 26 mai 2009, Paris.
[3] Les ouvrages ITIL. ITIL is a registered trade mark of the Cabinet Office (Royaume-Uni). « Négoce de savoir-faire informatique », Tru Dô-Khac Le Cercle Les Echos, 3 janvier 2012
[4] « Best practices : normes, gros bon sens ou œuvres de l’esprit », Tru Dô-Khac, ITRManager, 27 avril 2011
[5] La formulation canonique originale est « Create-Brand-Liaise-Serve-Use » © Dô-Khac Decision.


Egalement
"La propriété intellectuelle, un lien social", Tru Dô-Khac, Le Cercle Les Echos, 18 janvier 2012
 
 
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