vendredi 12 novembre 2010

Mutation du modèle MOA-MOE (1) [nov 2010]

Les mises en œuvre actuelles de la gouvernance de systèmes d’information (SI) sont structurées par une analyse des processus et le modèle MOA-MOE. On peut s’attendre à l’éclosion d’une nouvelle génération de pratiques de relations DSI-Métiers orientées par une analyse des relations entre les parties prenantes au SI et s’inscrivant dans un modèle MOA-MOE ayant muté.

La partie 1 en cinq mouvements de pensée
  1. Une première analyse réalisée en 2003 sur les limites du modèle de gestion de SI « MOA-MOE » et les solutions préconisées
  2. En 2009, nouvelles remises en cause du modèle MOA-MOE
  3. A la recherche des origines du modèle de gestion MOA-MOE
  4. Le modèle MOA-MOE, une simple ontologie du modèle de gestion de la qualité dit « client-fournisseur » ?
  5. Une réinterprétation originale et inédite du modèle


    Auteur : Tru Dô-Khac
    Date de première publication : 12 avril 2010
    Support de première publication : Bestpractices Systèmes d'information, N° 44
    Régime d'utilisation : copyright France

    Mots clefs thématiques
    MOA-MOE, maîtrise d'usage, relations DSI-Métiers

    Intelligence collective
    CIGREF, Germain M., Loi MOP,

    Références citées dans la partie 1 :
    [1] « L’information : prochain défi pour les entreprises », CIGREF, 2009.
    [2] Loi n°85-704 du 12 juillet 1985 relative à la maîtrise d'ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d'œuvre privée.
    [3] « « Parties prenantes du système d’information : pour un nouveau regard sur la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage », CIGREF, 2003.
    [4] « Management des nouvelles technologies et e-transformation". Michel Germain, éd. Economica, 2006

    Mise à jour du 22 mai 2014
    Sortie de la version beta d'un mini MOOC intitulé "Instituer un Chef de projet Maîtrise d'usage en vue de l'Internet des Objets". Le mini MOOC est associé à un article sur Le Cercle les Echos également intitulé "Instituer un Chef de projet Maîtrise d'usage en vue de l'Internet des Objets"





    Mise à jour du 6 novembre 2018
    Cet article vulgarise des travaux à caractère académique qui ont été nominés à un prix organisé conjointement par l'association professionnelle Ae-SCM et l'association académique AIM.
    "Nos travaux de recherche sur le modèle MOA/MOE nominés au prix Ae-SCM/AIM 2010"

    Enquête "collaborative"
    Avec vos réponses, cette enquête « collaborative » nourrit l’intelligence collective de l’écosystème numérique : les statistiques, mises à jour en temps réel, sont communiquées immédiatement à la fin du questionnaire au répondant sans obligation d’enregistrement ; également, elles font l’objet d’états récurrents (publication différée avec le seuil de 40 réponses); à tout moment, tout répondant ou simple visiteur peut en suivre la construction, apprécier la pertinence et émettre des analyses.

    Enquête "Open Survey N°2 : 12 questions pour apprécier la pertinence du modèle MOA-MOE"

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    Mutation du modèle MOA-MOE (partie 1)


    Plusieurs signaux appellent au renouvellement des pratiques de gouvernance de système d’information (SI). Ainsi, l’étude du CIGREF-Capgemini Consulting avec le soutien du professeur Donald Marchand (IMD) intitulée « L’information : prochain défi pour les entreprises » [1] lance aux formes actuelles de gouvernance de SI l’injonction d’ « évoluer pour prendre en compte de façon explicite l'usage de l'information ». Egalement l’étude confirme les limites du modèle de gestion de SI dit « MOA-MOE », -Maîtrise d’OuvrAge-Maîtrise d’Œuvre.

    Origines du modèle MOA-MOE
    Un des principaux reproches que l’on entend émettre sur le modèle MOA/MOE est son caractère non exportable, marqué notamment par la difficulté de trouver une « bonne » traduction en anglais.
    En effet, dès lors que l’on rattache les origines du modèle à un dispositif juridique, en l’occurrence la loi MOP [2] qui est relative à la maîtrise d’ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d’œuvre privée applicable aux constructions publiques, on s’aperçoit qu’il est vain de penser pouvoir restituer son essence et sa substance dans une langue étrangère en quelques mots sans en faire une référence explicite. Ainsi, s’il est pratique de traduire maîtrise d’ouvrage par « business owner » dans un CV ou une fiche de poste, on peut s’interroger sur la pertinence de représenter le rôle de maîtrise d’ouvrage par «business owner » dans un manuel méthodologique.

    En vue de conforter ce rattachement déterminant dans la compréhension du modèle, retournons dans les années 80, époque de promulgation la loi MOP (1985) et risquons la narration ci-dessous :

    À cette époque, l’architecture des SI est propriétaire, centralisée  (« mainframe ») et comprend simplement deux couches : d’une part, le matériel et son système d’exploitation, et d’autre part, des programmes développés en code Cobol ou Fortran et dont les fonctionnalités  aident le plus souvent à automatiser des opérations de paye, de comptabilité et de facturation.
    Pour la couche basse, les entreprises françaises se fournissent chez le duopole formé par la multinationale IBM et le constructeur national Bull. A la livraison du matériel, elles en acquièrent  la propriété.
    Pour la couche haute, en cas de développement  externe, les entreprises utilisatrices font appel à des sociétés de services et d’ingénierie en informatique  (SSII), des entreprises qui fournissent un travail, -l’œuvre-. A la recette des programmes, la propriété (intellectuelle) du résultat de l’œuvre, -la propriété de l’ouvrage-, est naturellement transférée à l’entreprise utilisatrice qui devient le maître « de » l’ouvrage.

    La loi MOP étant en réalité tout un corpus de lois, d’ordonnances, de décrets et d’arrêtés édictés au fil du temps, nous laisserons le lecteur apprécier si cette courte narration avec ses approximations est suffisante pour éclairer la conjecture d’une transformation de certains éléments de la loi MOP en une pratique de gestion en SI qui est devenue le modèle MOA-MOE.

    Limites du modèle MOA-MOE
    Toutefois, en 1998, prenant acte de l’appropriation par les acteurs du SI de ce modèle, le CIGREF publiait un premier  rapport intitulé « Pour un pilotage efficace du système d’information », puis, en 2003, un second en 2003 [3].
    Dans le préambule de ce dernier, le CIGREF indiquait les limites des mises en œuvre du modèle : « un clivage entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre, une approche difficilement transposable à l’international, un modèle unique de représentation ». Subséquemment, il proposait un modèle enrichi par la « distinction entre la maîtrise d’ouvrage et les utilisateurs finals », l’affectation d’un « rôle d’arbitre », la « différence entre rôles et acteurs » et les « processus de coopération entre acteurs ».

    Six ans plus tard, l’étude « L’information : prochain défi pour les entreprises » rapporte deux difficultés supplémentaires dans la  mise en œuvre du modèle.  
    La première, sans appel, dénonce une « incompatibilité avec les modes de fonctionnement de projets dits agiles ». En effet, à l’heure des progiciels, des plateformes SOA et de l’opensource, la question de propriété (intellectuelle) des développements n’a plus de réponse aussi immédiate et évidente que dans les années 80 et appelle à revoir le principe même d’une affectation tranchée de la maîtrise « de » l’ouvrage.

    Une évolution possible du modèle MOA-MOE
    La seconde est le « déplacement vers la MOE de l’expertise en processus métiers » relevant jusqu’à présent de la MOA.

    Ce déplacement produit un déséquilibre organisationnel qui peut être exprimé par le système d’équations dont le premier membre est vidé de sa substance.

                      processus métiers          = MOA  = direction métier (DM)
         et
             application informatique = MOE  = direction des systèmes d’information (DSI)

    Pour rétablir le système, l’origine probable du modèle MOA-MOE que sont les constructions publiques et l’aménagement du territoire nous suggère une piste avec la notion de maîtrise d’usage.  Parfois utilisée pour les SI [4], la « maîtrise d’usage » peut être considérée tout simplement comme une bonne formule pour représenter les « utilisateurs finals » face à la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre, par exemple dans le modèle MOA-MOE  du CIGREF 2003.

    En introduisant la variable maîtrise d’usage (désignée ici par MUA) et en se plaçant dans le cadre d’une relation à deux parties, DM et DSI d’autre part, on peut créer un algorithme formel de trois systèmes d’équations caractérisés par la place de la MOA.

    (1)         DM=MUA + MOA
            et
                 DSI=MOE

    (2)        DM= MUA
            et
                DSI=MOE + MOA

    (3)       DM = MUA
            et
               DSI = MOE
            et
               place de la MOA indéterminée.

    Cet algorithme fait apparaître trois variances d’une relation client-fournisseur entre la DSI et la DM et suggère ainsi une piste de nature relationnelle pour faire évoluer les formes de gouvernance de SI en les différenciant.



    Objet de la partie 2
    Le modèle MOA-MOE structure la gouvernance de système d'information (SI). Dans la seconde partie  nous faisons le point sur les doctrines de gouvernance de SI, notamment les doctrines orientées par l'analyse des processus de gestion et une doctrine inspirée des sciences politiques.


    Note du 12 avril 2015  Prestation de Dô-Khac Decision
    Instituer une famille de régimes numériques avec le Design Management "MOA MOE MUA"

    Trophée innovation numérique 2015

    Le Trophée IT Innovation Forum catégorie Enterprise Mobility / Collaboratif a été décerné à l'innovation frugale Personal MOOC par le vote des quelques 200 membres du Club des Responsables d'Infrastructure et de Production (CRIP) lors de l'IT Innovation Forum du 27 janvier.
    Communiqué sur le site de Dô-Khac Decision