mardi 31 janvier 2012

Des régimes relationnels pour un système d'information efficace [jan 2012]

Longtemps, l’efficacité et l’efficience de l'informatique d'entreprise ont été assurées par un régime relationnel dit "maîtrise d’ouvrage/maîtrise d’œuvre" (MOA-MOE) et par la mise en processus des activités de gestion informatique. Mais en entreprise numérique, pour préserver l'efficacité des systèmes d’information, il faudra instituer des régimes relationnels alternatifs au régime MOA-MOE.

L'article en cinq mouvements de pensée : 
  1. Les référentiels SI, un savoir-faire et des copyrights proposés aux prestataires informatiques
  2. Pour l'efficience du système d'information, des référentiels SI anglo-saxons orientés processus
  3. Pour l'efficacité du système d'information dans un rôle de support aux métiers, le régime relationnel Maîtrise d'ouvrage-Maîtrise d’œuvre
  4. En entreprise numérique, des nouveaux rôles pour la Direction des Systèmes d'Information (DSI)
  5. En entreprise numérique, un impératif d'instituer des régimes relationnels entre les Directions Métiers et la DSI qui soient alternatifs au régime MOA-MOE

Auteur : Tru Dô-Khac
Sortie officielle : Le Cercle Les Echos, 31 janvier 2012
Régime d'utilisation : Code de la propriété intellectuelle, France

Note de l'auteur :

Mots clefs thématique
MOA-MOE, régime de gouvernance SI, référentiels SI

Intelligence collective :  
Drucker P.

Références :
[1] "Négoce de savoir-faire informatique", Tru Dô-Khac, 3 janvier 2012, Le Cercle Les Échos.
[2] ITIL® is a registered trade mark of the Cabinet Office.
[3] ISACA. www.isaca.org.
[4] Press release Nov 19. 2001, Pittsburgh. "Carnegie Mellon launches system to rate IT-enabled outsourcing services providers with support from Satyam Computer Services Ltd., Accenture and others".
[5] "Efficiency is doing things right; effectiveness is doing the right things." Peter Drucker (1909-2005).
[6] "Des relations SI pour faire les bonnes choses", Tru Dô-Khac, Le Monde Informatique, 29 août 2011.
[7] "Mutation du modèle MOA-MOE", Tru Dô-Khac, Bestpactices Systèmes d'Information N°44, 12 avril 2010.


Mise à jour 19 mars 2019
Orientation doctrinale des référentiels de management numérique d'entreprise dans un quadrant "relation x process".




Des régimes relationnels pour un système d’information efficace

Longtemps, l’efficacité et l’efficience de l'informatique d'entreprise ont été assurées par un régime relationnel dit "maîtrise d’ouvrage/maîtrise d’œuvre" (MOA-MOE) et par la mise en processus des activités de gestion informatique. Mais en entreprise numérique, pour préserver l'efficacité des systèmes d’information, il faudra instituer des régimes relationnels alternatifs au régime MOA-MOE

L’efficience des systèmes d’information est assurée par la mise en œuvre de collection de processus éprouvés et décrits dans les référentiels de gestion de systèmes d’information ("référentiels SI").

Une histoire méconnue des référentiels SI
Désignés également par "Best Practices" dans les brochures marketing des prestataires, les "référentiels SI" sont des publications dont la large diffusion en France est le résultat d’une stratégie d’affaires initialisée au début des années 2000 [1].

En ces années, une poignée d’entreprises internationales dominent de leur savoir-faire le marché des prestations informatiques. Opérant globalement, ces entreprises aux marques prestigieuses mettent en œuvre des méthodes qui ont été éprouvées depuis plusieurs années sur le marché américain et qu’elles protègent jalousement par le secret des affaires et le copyright. Pour leurs concurrents opérant localement et n’ayant pas la surface financière pour investir dans le développement et la promotion d’une méthode, il s’agit de trouver une alternative.

Or, outre-Manche, un ensemble d’ouvrages repérés par la marque ITIL® [2] connaît déjà un certain engouement : écrits par le Central Computer and Telecommunications Agency, ces ouvrages sont considérés par les prestataires informatiques anglais comme un guide pour répondre aux standards qualité demandés par les centrales d’achat du gouvernement britannique. En outre, leur gestion a été transférée depuis peu à l’Office Government of Commerce (OGC), une entité gouvernementale poussant au développement international des "Best Practices" ITIL.

Pour certains prestataires français désireux de trouver une réplique face à aux acteurs "world class", se ranger sous la bannière ITIL est une opportunité.

L’efficience des systèmes d'information par les processus
Et bientôt, dans la percée des ouvrages ITIL, d’autres auteurs s'y engagent avec des ouvrages de leurs crus. Alors que les ouvrages ITIL, inspirés par la politique de l’OGC de soutien de l'industrie anglaise des services informatiques, sont organisés selon une segmentation de l’offre (conseil, bureau d’études, ingénierie, maintenance), les ouvrages Cobit, écrits par une association internationale d’audit informatique [3], sont orientés vers le contrôle de coûts informatiques. Quant aux ouvrages eSCM [4], écrits sur commande par une SSII indienne pour promouvoir l’offshore, ils sont tournés vers l’approvisionnement informatique.

Si ces ouvrages reflètent la personnalité ou les intensions business propres à leurs auteurs, ils s'inspirent tous de la mouvance du reengineering des années 90 et partagent entre eux la caractéristique intrinsèque de décrire des collections de processus orchestrés vers le "delivery". En mettant en œuvre leurs préconisations, une Direction de Systèmes d’Information (DSI) se donne une organisation pour faire bien les choses, c’est-à-dire délivrer "on time" et "on budget" une solution conforme aux spécifications exprimées par la Direction Métier et à moindre coût.

Des régimes relationnels pour l’efficacité des SI en entreprise numérique
Dès lors efficiente, cette DSI doit veiller à être efficace, c’est-à-dire entretenir de bonnes relations avec ses "clients" les Directions Métiers en vue de faire ensemble les bonnes choses pour l'entreprise [5][6]. Ainsi, dans les entreprises françaises, un régime relationnel entre les Directions Métiers et une DSI s’est progressivement dégagé au point de devenir un "modèle" de référence : c’est le modèle Maîtrise d’ouvrage/Maîtrise d’œuvre (MOA-MOE). En l'espèce, lors d’une automatisation des activités d’une Direction Métiers, la DSI porte la "Maîtrise d’œuvre" des systèmes d’information qu’elle délivre à la Direction Métier, la "Maîtrise d’ouvrage".

Avec le développement de l’entreprise numérique, deux autres types d’opération apparaissent.

Le premier concerne les produits de l’entreprise qu’il faut équiper de fonctionnalités numériques. C’est par exemple la voiture connectée. Le second concerne des opérations en rupture, qui se rencontrent notamment chez les purs players numériques : il s’agit de créer de nouveaux modèles d’affaires numériques, par exemple en alliant les systèmes d’information à des propriétés littéraires et artistiques.

Pour ces opérations d’un type nouveau, la DSI doit alors sortir de son rôle de simple fournisseur ; dans certains cas, elle se confond même avec l’entreprise ; pour préserver son efficacité et confirmer son image d'entité au service de l'ensemble des fonctions de l'entreprise, la DSI devra trouver des régimes relationnels alternatifs au modèle MOA-MOE [7].



[1] "Négoce de savoir-faire", Tru Dô-Khac, 3 janvier 2012, Le Cercle Les Échos.
[2] ITIL® is a registered trade mark of the Cabinet Office.
[3] ISACA. www.isaca.org.
[4] Press release Nov 19. 2001, Pittsburgh. "Carnegie Mellon launches system to rate IT-enabled outsourcing services providers with support from Satyam Computer Services, Ltd Accenture and others".
[5] "Efficiency is doing things right; effectiveness is doing the right things." Peter Drucker (1909-2005).
[6] "Des relations SI pour faire les bonnes choses", Tru Dô-Khac, Le Monde Informatique, 29 août 2011.
[7] "Mutation du modèle MOA-MOE", Tru Dô-Khac, Bestpactices Systèmes d'Information N°44, 12 avril 2010.

La propriété intellectuelle, un lien social [jan 2012]

Pour le dirigeant d’entreprise, la propriété intellectuelle est un moyen pour protéger l’innovation, source d'avantages compétitifs. Mais, au niveau politique, c’est un lien social.

L'article en cinq mouvements de pensée : 
    Auteur : Tru Dô-Khac
    Sortie officielle : Le Cercle Les Echos, 18 janvier 2012
    Régime d'utilisation : Code de la propriété intellectuelle, France

    Note de l'auteur 
    23 nov 2015 : cet article a été sélectionné pour communiquer la vision et l'ambition d'un projet d'aider les entreprises françaises dans leur transformation numérique en mettant à leur disposition un référentiel de management de systèmes d'information reposant sur un "modèle maîtrise d'ouvrage maîtrise d’œuvre rénové".
    accès au pitch sur le projet

    Mots clefs thématique
    propriété intellectuelle

    Intelligence collective :  
    gouvernance numérique, innovation numérique, propriété intellectuelle

    Références :
    1] "L’Open savoir-faire, une innovation de l’entreprise numérique", Tru Dô-Khac, Le Cercle Les Échos, 23 décembre 2011.
    [2] "2012, année du coming-out de la propriété intellectuelle dans la gestion des systèmes d’information", Tru Dô-Khac, ITRManager, janvier 2012.




    La propriété intellectuelle, un lien social

    Pour le dirigeant d’entreprise, la propriété intellectuelle est un moyen pour protéger l’innovation, source d'avantages compétitifs. Mais, au niveau politique, c’est un lien social.
     
    Le black-out du net lancé ce jour par les opposants à la loi SOPA-PIPA montre la charge émotionnelle, idéologique et politique de la propriété intellectuelle.
    Consultant indépendant, entrepreneur numérique, auteur et blogueur, mais n’ayant pas lu le texte de loi, nous réservons notre opinion.
    Néanmoins, opérant un modèle d’affaires innovant et défini par "Accès public gratuit" / "Reproduction, représentation et utilisation accompagnée en entreprise payant", nous souhaitons soumettre ici quelques réflexions.

    Le secret, qualité consubstantielle du savoir-faire 
    Dans sa recherche davantage compétitive, l’entreprise garde certains connaissances, savoirs, méthodes, procédés, techniques, technologies jalousement enfermés dans le secret d’entreprise.

    Le secret est le mode de protection par excellence : la qualité de secret n’est-elle pas d’ailleurs consubstantielle au savoir-faire, un actif immatériel clef pour l’entreprise innovante [1] ? Ainsi, un procédé permettant de produire mieux et plus vite est soigneusement gardé confidentiel par des clauses contractuelles entre l’entreprise et ses employés opérant le procédé. De même, l'étude de la conception d’un logiciel apportant une fonctionnalité nouvelle est bloquée par une interdiction contractuelle d’accès au code source.

    À cette stratégie traditionnelle de protection, une alternative est le recours à la propriété intellectuelle dont le brevet d’invention et le droit d’auteur sont des dispositifs de base.

    Fondements du brevet et du droit d’auteur
    Le fondement du brevet d’invention est le suivant : comme rien n’oblige ceux qui inventent à partager l’usage de leurs inventions, la société les invite à le faire en contrepartie d’un droit de monopole d’exploitation limité dans le temps. Par le brevet d’invention, la société reconnaît à l'inventeur qui, tout en déposant le brevet, divulgue son "savoir-faire" la paternité de son invention et lui concède un droit d’exploitation exclusive pendant une durée donnée. À l’échéance de cette durée, tout le monde peut exploiter l’invention qui "tombe alors dans le domaine public".

    Le fondement du droit d’auteur est similaire. Lorsqu’un créateur donne l’accès à ses œuvres tout en autorisant leur représentation et leur reproduction, il voit sa paternité reconnue et reçoit une compensation matérielle. Appliqué au logiciel, le droit d’auteur donne à l’éditeur d’un programme la faculté de percevoir des redevances pour leur utilisation.

    C’est parce qu’une invention ou une création est "protégée" qu’elle peut être partagée. Pour donner, il faut d’abord posséder. Et en retour, le concédant reçoit un "merci" du concessionnaire.

    Une fonction sociale
    La propriété intellectuelle a donc une fonction sociale. Et d’ailleurs, en législation française, le droit de paternité est un droit inaliénable et imprescriptible. Pour que la propriété intellectuelle réalise pleinement cette fonction de lien social, son usage doit être équilibré.

    D’un côté, les créateurs ne doivent pas abuser du droit de monopole concédé par la société, de l’autre, les utilisateurs des créations doivent respecter les droits que leurs créateurs entendent se réserver pour satisfaire leurs besoins matériels.

    Pour les propriétés littéraires, les véhicules juridiques pour un usage équilibré existent et sont accessibles : ce sont par exemple les licences Creative Commons ou Libres Savoirs ParisTech, que les auteurs, conscients des barrières de compétences et de compréhension pour l'application par le profane d'un texte juridique, ont munie nativement d’un accompagnement pédagogique gracieux et accessible via internet. Mais la première condition d’un usage équilibré reste le respect plein et entier de la loi.

    Respecter la loi
    Alors, il serait temps de montrer moins de mansuétude envers les plagiaires et, en entreprise, plus de rigueur dans la gestion des droits littéraires et artistiques.

    Pour les régulateurs politiques - qui se présenteront aux suffrages le printemps prochain –, il s’agira d’être crédibles lors de propositions de loi pour soutenir les entreprises innovantes dont les propriétés intellectuelles sont un gage de développement durable.

    Pour les dirigeants d’entreprise, il s’agira de mettre en place, en vue de profiter en sécurité juridique des opportunités du numérique, une bonne gouvernance des propriétés intellectuelles, qu’elles soient propriétés de l’entreprise ou de tiers [2].

    Pour les employés, il s’agira de faire preuve d’honnêteté et de rigueur intellectuelle, des capacités d’ailleurs nécessaires pour un travail collaboratif innovant.

    [1] "L’Open savoir-faire, une innovation de l’entreprise numérique", Tru Dô-Khac, Le Cercle Les Échos, 23 décembre 2011.
    [2] "2012, année du coming-out de la propriété intellectuelle dans la gestion des systèmes d’information", Tru Dô-Khac, ITRManager, janvier 2012.

    mardi 17 janvier 2012

    2012, l’année du « coming out » de la propriété intellectuelle dans la gestion des systèmes d’information [jan 2012]

    La propriété intellectuelle (PI) est un moyen pour protéger l’innovation. Pour les entreprises numériques innovantes, la PI pourrait faire son coming-out dans [les méthodes et bonnes pratiques de] la gestion des systèmes d’information.

    L'article en cinq mouvements de pensée : 
    1. Profiter des élections et des vœux pour la nouvelle année pour demander aux personnalités politiques moins de mansuétude pour les plagiaires et autres pilleurs de propriétés littéraires
    2. Trois lieux d'innovations numériques : les procédés d'entreprise, les produits et services, les modèles d'affaires 
    3. Deux modes protection de l'innovation numérique : le secret et les dispositifs de propriété intellectuelle
    4. Premiers signaux d'intérêt pour la propriété intellectuelle dans la gestion des systèmes d'information
    5. La propriété intellectuelle, objet méconnu ou déni dans la gestion des systèmes d'information ?
    Auteur : Tru Dô-Khac
    Sortie officielle : ITRManager, 19 janvier 2012
    Régime d'utilisation : Code de la propriété intellectuelle, France

    Note de l'auteur :

    Mots clefs thématique
    entreprise numérique

    Intelligence collective :  
    gouvernance numérique, innovation numérique, propriété intellectuelle

    Références :
    [1] « Numérique = SI 2.0 + PI 2.0 », Tru Dô-Khac, ITRManager, 16 novembre 2011
    [2] « Open Innovation: The new imperative for creating and profiting from technology», Henry Chesbrough, Harvard Business School Press, 2003.
    [3] « Les stratégies Open savoir-faire », Tru Dô-Khac, Le Cercle Les Echos, 29 décembre 2011
    [4] Désignés également par « Best Practices » ou « langage commun », les ouvrages de référentiels SI sont publiés par des institutions sises outre-atlantique ou outre-manche : une agence d’État, une association professionnelle, une université, une société privée,…
    [5] « Négoce de savoir-faire informatique », Tru Dô-Khac, Le Cercle Les Echos, 3 janvier 2012.



    2012, l’année du « coming out » de la propriété intellectuelle dans la gestion des systèmes d’information

    La propriété intellectuelle est un moyen pour protéger l’innovation. Pour les entreprises numériques innovantes, la propriété intellectuelle pourrait faire son coming-out dans la gestion des systèmes d’information.


    Il serait temps de montrer plus de sévérité envers les plagiaires ou tout pilleur de propriétés littéraires, que ce soit dans la sphère politique mais également dans les sphères marchandes et privées autres que le cercle familial.
    Pour les personnalités politiques se présentant aux suffrages le printemps prochain, il s’agit d’être crédible lors de déclarations de soutien aux entreprises innovantes dont les propriétés intellectuelles sont un gage de développement durable. Pour les entrepreneurs, il s’agit de s’ouvrir un champ assaini pour une innovation numérique renouvelée alliant contenant et contenu, autrement dit technologies d’information et propriétés littéraires et artistiques [1].

    Innovation numérique
    En entreprise numérique, on innove dans les produits et les services, mais également dans les procédés d’entreprise et les modèles d’affaires.

    L’innovation la plus visible concerne les produits ou les services fournis par l’entreprise et qui s’enrichissent de fonctionnalités numériques. C’est par exemple la voiture connectée qui est munie de services tels que le pilotage automatique et la conduite assistée mais également des services de divertissement en trajet, d’aide à la navigation, de téléphonie et messagerie…

    Une seconde innovation qui a lieu au sein même de l’entreprise et adresse l’organisation : pour l’entreprise, il s’agit de déployer des systèmes d’information pour l’ensemble de ses fonctions ; initialement mis en œuvre dans la comptabilité ou l’administration du personnel, les systèmes d’information doivent apporter leur valeur dans tous les métiers : la vente, la production, la logistique…

    Enfin, on peut identifier une troisième innovation qui est en rupture : c’est celui de la création d’entreprises purement numériques telles que les jeunes pousses spécialisées dans le développement d’applications logicielles sur mobile ou de services SaaS sur Cloud Computing.

    Deux modes de protection de l'innovation
    Pour protéger cette innovation, le mode traditionnel est le secret.
    Ainsi, un procédé permettant de produire mieux et plus vite est soigneusement gardé confidentiel par des clauses entre l’entreprise et ses salariés opérant le procédé. De même, l’étude de la conception d’un logiciel « propriétaire » est bloquée en interdisant contractuellement l’accès au code source.
    Or, le numérique pose à l’évidence un défi à une stratégie de secret.

    Heureusement, des entreprises montrent qu’il existe une alternative à cette stratégie d’enfermement des informations et des données.

    Ces entreprises, innovantes, souvent leaders sur leur marché, recourent à la propriété intellectuelle : brevets d’invention, marques, droits d’auteur,…
    Mais également, certaines ont adopté des usages renouvelés de la propriété intellectuelle : ces usages ont pour nom Open Innovation [2], Open Data, Open savoir-faire [3]…Dans le numérique, un secteur particulièrement innovant est l’écosystème Open source dont les différents modèles d’affaires reposent sur des exploitations particulières du droit d’auteur.

    Signaux d’intérêt pour la propriété intellectuelle dans la gestion de systèmes d’information
    Ces six derniers mois, on peut identifier quelques signaux d’émergence de la propriété intellectuelle dans la gestion des systèmes d’information :
    • le succès de la troisième édition d’Open World Forum, le salon européen de l’Open source, 
    • un cursus de formation certifiant de Responsable Sécurité de Système d’Information (RSSI) incluant une sensibilisation sur les aspects stratégiques et opérationnels de la propriété intellectuelle, 
    • deux événements sur la propriété intellectuelle organisés par une association professionnelle d’acheteurs et une autre de consultants,
    • des sites d’entreprise ou professionnels publiés sous Creative Commons ainsi que des ouvrages imprimés, 
    • le changement de discours par les tenants de certains référentiels SI [4] qui les qualifient maintenant de produits (Ang : product), reconnaissant ainsi que ces référentiels ne sont, somme toute, que des ouvrages d’auteur publiés sous copyright mais dont la diffusion est le résultat d’une stratégie d’affaires à l’oeuvre depuis plusieurs années [5]. 

    Audibilité en cette année d’élections
    En dépit de ces signaux, il faut bien reconnaître que la propriété intellectuelle reste ignorée dans les éléments de langage des observateurs du numérique. Parmi les études prédictives de ce début d’année et les propositions pour surmonter la crise, rares sont celles qui y fassent allusion.

    Et sur le terrain, les bonnes pratiques de gestion de systèmes d’information sont également muettes : la formule "intellectual property", au contraire de "data privacy", est absente des ouvrages de référentiels SI, jusque dans leurs glossaires pourtant riches de plusieurs centaines d’entrées...

    2012, année d’élections, est propice pour passer des messages aux décideurs politiques et économiques.

    Alors, 2012 sera-t-elle l’année du coming-out de la propriété intellectuelle dans la gestion de systèmes d’information, composante essentielle du numérique ?

    Très bonne année.


    [1] « Numérique = SI 2.0 + PI 2.0 », Tru Dô-Khac, ITRManager, 16 novembre 2011
    [2] « Open Innovation: The new imperative for creating and profiting from technology», Henry Chesbrough, Harvard Business School Press, 2003.
    [3] « Les stratégies Open savoir-faire », Tru Dô-Khac, Le Cercle Les Echos, 29 décembre 2011
    [4] Désignés également par « Best Practices » ou « langage commun », les ouvrages de référentiels SI sont publiés par des institutions sises outre-atlantique ou outre-manche : une agence d’État, une association professionnelle, une université, une société privée,…
    [5] « Négoce de savoir-faire informatique », Tru Dô-Khac, Le Cercle Les Echos, 3 janvier 2012.



    Mise à jour du 9 février 2019 
    • Reproduction, sur ce blog, du texte, qui a été archivé depuis par la revue ITR Manager
    • Reproduction des commentaires de l'auteur en sur des articles de tiers publiés à la même époque sur InfoDSI


    La sortie d'un contrat d'outsourcing : la réversibilité
    Donatienne Blin, avocat, département informatique & réseaux chez Courtois Lebel, jeudi 26 janvier 2012, InfoDSI

    Commentaires, 27/01/2012
    Pour une bonne réversibilité, il convient effectivement de prévoir dès la signature du contrat celle du savoir-faire.
    Malheureusement, beaucoup de pratiques restent muettes sur les dispositifs particuliers à la propriété intellectuelle.
    Ainsi, rares sont celles qui font la différence entre connaissances (knowledge) et savoir-faire (know-how), et données privée (data privacy) et propriétés intellectuelles (intellectual property).
    La propriété intellectuelle fera-t-elle son coming out dans la gouvernance de systèmes d'information ? [1]


    [1] 2012, l'année du coming out de la propriété intellectuelle dans la gestion des systèmes d'information, Tru Dô-Khac, en tribune de InfoDSI, 24 janvier 2012


    Enquête Gartner : BI, mobilité et cloud : les 3 priorités technologiques des DSI
    la rédaction, mercredi 18 janvier 2012, infoDSI  

    Commentaires, 19/01/2012
    "Les DSI devront faire preuve d'ingéniosité" : en d'autres termes, ils devront faire mieux avec la même chose.
    Pour cela, deux pistes :
    • revisiter les "régimes" de gouvernance des relations qu'ils entretiennent avec leurs fournisseurs : les auteurs des ouvrages ITIL l'ont bien compris en identifiant la pratique de "Business Relationship Management" dans l'édition 2011. 
    • amplifier le partage de savoir-faire avec une bonne stratégie d'Open savoir-faire [1], ce dernier point étant conditionné par la mise place les bons dispositifs de gestion de propriété intellectuelle (cf la tribune de "2012, l'année du coming out de la propriété intellectuelle dans la gestion de système d'information") 

    [1]"L'Open savoir-faire, une innovation de l'entreprise numérique", Tru Dô-Khac, Le Cercle Les Echos

    ITIL® is a registered trade mark of  The Cabinet Office.

    mardi 3 janvier 2012

    Négoce de savoir-faire informatique [jan 2012]

    Jalousement gardé dans le secret de l’entreprise, le savoir-faire pourrait avec les usages innovants de la propriété intellectuelle devenir un objet de négoce. Le secteur informatique offre quelques exemples précurseurs.

    L'article en cinq mouvements de pensée : 
    1. Retourner aux sources : un manuel qualité écrit par l'administration anglaise pour gérer l'informatique du début des années 90
    2. Contempler le cheminement de perception en France : "Best Practices", "language commun", "référentiel SI"
    3. Rapprocher ce cheminement des travaux académiques portant sur les "pratiques institutionnalisées"
    4. Mettre en perspective des éléments d'une entreprise en droit d'auteur
    5. Examiner un autre cas : une "best practice" sur commande


    Auteur : Tru Dô-Khac
    Sortie officielle sur Le Cercle Les Echos, 3 janvier 2012
    Régime d'utilisation : Code de la propriété intellectuelle, France
    Accès à l'article sur www.lesechos.fr  : aux conditions Les Echos au jour de la publication de l'article (cf. note de bas de page de l'article "L'Europe de la confiance numérique : après les données personnelles, le droit d'auteur") 
    Note de l'auteur :
    Sur L'Entreprise Numérique Créative, une galerie de 40+ modèles d'affaires numériques, le modèle A100 :


    Références :
    [1] En France, c'est un duopole formé par Bull et IBM
    [2] Union Internationale des Télécommunications,
    [3] Norme CCITT M.30 dont les « drafts » sont sortis en 1989.
    [4] itSMF, UK ITIL® and IT Infrastructure Library® are registered trade marks of Cabinet Office. En l'absence de travaux académiques d’historiens, il est délicat de faire la part entre l’histoire et la communication d’entreprise et nous invitons nos lecteurs à commenter les cas échéant nos informations.
    [5] Réalisée de mai à avril, cette enquête en ligne a la particularité de produire des statistiques transparentes : mises à jour en temps réel, les statistiques sont présentées au répondant ou simple visiteur dès la fin du questionnaire sans obligation d’enregistrement, permettant d’en suivre la construction et en apprécier la pertinence. http://www.open-creative-survey.eu
    [6] « Réponses stratégiques des gestionnaires de projets SI aux influences des pratiques de gestion institutionnalisées ». Muriel Mignerat et Suzanne Rivard, Congrès de l’ASAC, Juin 2007.
    [7]Official ITIL ®Website,  Intellectual Property, Trademark (and copyright) licensing. La politique de gestion des droits étant en cours de révision, l’accès à certaines pages a été supprimé.
    [8] Press release Nov 19. 2001, Pittsburgh. “Carnegie Mellon launches system to rate IT-enabled outsourcing services providers with support from Satyam Computer Services, Ltd Accenture and others”.
    [9] CMMI. La Best Practice en question est désigné par eSCM, « eSourcing Capability Model ». Ses droits sont actuellement exploités par une spin-off de CMU, ITSqc LLC.


    Mise à jour du 16 août 2014 
    La propriété des ouvrages ITIL ayant été transférée à la société Axelos, une filiale d'une entreprise de services numériques basée au Royaume-Uni (press release sur le site The Cabinet Office UK),
    [4] il faut dorénavant lire à la place de ITIL® and IT Infrastructure Library® are registered trade marks of Cabinet Office", "ITIL® is a Registered Trade Mark of AXELOS Limited"
    [7] on peut prendre connaissance de la gestion des droits sur le volet du site produit par AXELOS "Intellectual Property rights".





    Négoce de savoir-faire informatique 
    Tru Dô-Khac, 3 janvier 2012, Le Cercle Les Echos

    Jalousement gardé dans le secret de l’entreprise, le savoir-faire pourrait avec les usages innovants de la propriété intellectuelle devenir un objet de négoce. Le secteur informatique offre quelques exemples précurseurs.

    Source d’avantage compétitif, le savoir-faire est soigneusement protégé par le sceau du secret. Lors d’événements exceptionnels tels qu’une introduction en bourse, une fusion acquisition ou une externalisation, une communication sur sa nature hors des murs de l’entreprise est parfois émise. Néanmoins, quelques entreprises visionnaires considèrent le savoir-faire comme un objet négoce autonome. C’est le cas de l’administration anglaise qui au début des années 90 mettait sur le marché son savoir-faire en gestion de systèmes d’information.

    Bibliothèques d'ouvrages de gestion informatique 
    En ces années-là, la gestion informatique, que les professionnels du secteur désignent aujourd’hui par gestion des systèmes d’information [pour entreprise], est encore embryonnaire. L’informatique est simplissime : des applications procédurales en Fortran ou Cobol tournant sur un système central fourni à choisir parmi une poignée de constructeurs [1]. La fiabilité du système informatique étant assurée par l’offre du constructeur qui est par ailleurs déterminé par des considérations stratégiques, le savoir-faire critique pour l’entreprise est le développement des applications, que celui-ci soit interne ou sous-traité.

    En revanche, pour les opérateurs [nationaux] de télécommunications, l’interconnexion des réseaux, la disponibilité de bout en bout et l'interopérabilité constituent le cœur de métier. Regroupés au sein de l’UIT depuis 1865 [2], ces opérateurs développent des normes techniques, mais également des normes administratives de gestion de réseaux de télécommunications : Fault Management, Configuration Management, Accounting Management, Performance Management et Security Management [3].

    Comparativement, c’est donc tardivement qu’apparaissent les premiers travaux pour une normalisation de la gestion informatique. Ainsi, l’itSMF UK, souche d’une organisation professionnelle aujourd’hui d’envergure internationale, est lancée en 1991 au Royaume-Uni [4]. Parmi ses actifs immatériels figure des droits sur un recueil de modalités de gestion de l’infrastructure informatique ; résultat d’un programme qualité initialisé par l’administration anglaise, ce recueil donnera naissance aux ouvrages ITIL®, Information Technology Infrastructure Library, littéralement une bibliothèque [de pratiques de gestion] en infrastructure de technologies d’information.

    Best Practices, langage commun, référentiel SI 
    Pourquoi l’Angleterre ? Certains mettent en avant la politique de rénovation de l’administration anglaise menée lors des années Thatcher ; d’autres un lien avec l’état avancé de la dérégulation des télécoms dans ce pays.

    Toujours est-il que ces préconisations particulières à l'informatique de l'administration anglaise semblent avoir été progressivement adoptées par les acteurs privés ou publics du secteur informatique au point d’être qualifiées ces dernières années de « Best Practices », « langage commun » ou « référentiel ».

    Ainsi, une enquête intitulée « 60 secondes pour apprécier la valeur réelle des Best Practices » et réalisée en 2011 [5] révélait une majorité de répondants pour indiquer que les Best Practices ne pouvaient être considérés comme un business analogue à celui du logiciel (avec ses offres, ses fournisseurs, ses clients, son jeu concurrentiel, sa chaîne de valeur…) et qu’elles n’étaient, somme toute, que du gros bon sens.

    Ce credo rejoint d’ailleurs la thèse des « pratiques institutionnalisées » avancées par certains chercheurs [6]. Trois grandes étapes marqueraient la vie de ces pratiques : une étape de « secousses » où le consensus existant est remis en question sous l’effet d’événements exceptionnels, une étape de « pré-institutionnalisation » où des réponses aux ruptures émergent sur le terrain opérationnel, sont reproduites tout en étant conceptualisées par quelques champions, et enfin une étape de maturité où les concepts nouveaux sont constitués en doctrine, les réponses opérationnelles systématisées et portées par des communautés d’intérêts à l’ensemble des acteurs.

    Une entreprise en droit d’auteur B2B depuis 1995 
    Or, il semblerait que l’on ait plutôt affaire à une véritable entreprise commerciale en droit d’auteur. En effet, pour les ouvrages ITIL diffusés sous [Crown] copyright, outre les représentations de l'itSMF dans plusieurs dizaines de pays, on peut relever quelques éléments troublants :
    • d’abord désignés simplement pour ce qu’ils sont par Government IT Infrastructure Management Method, les manuels de gestion informatique de l’administration anglaise ont été par la suite rebaptisés en ITIL, signe qui a été déposé dès 1995 ; 
    • écrits par le Central Computer and Telecommunications Agency (CCTA), ils sont diffusés sous la tutelle de l’Office Government of Commerce dès 2001 ; 
    • enfin, last but not least, une simple visite des rubriques Intellectual Property des sites officiels montre l’existence de dispositifs de collecte de royalties de marques et de copyright [7].

    Commande et entreprise de savoir-faire 
    Ainsi, le savoir-faire peut faire l’objet d’une valorisation directe.

    Un autre cas d’école dans le secteur informatique est fourni par nos amis des Etats Unis d’Amérique avec la Carnegie Mellon University (CMU).

    Au début des années 2000, celle-ci signait avec des partenaires industriels emmenés par une SSII indienne [8] une série d’accords pour écrire et publier et promouvoir une « Best Practice » en gestion d’approvisionnement informatique.

    La transaction est remarquable tant par son montant que ses termes : en échange d’un financement supérieur au million de dollars par an, ses commanditaires acquièrent un droit d’utilisation de la Best Practice dont les copyrights seront détenus par la CMU. Mais pour ces commanditaires, il s’agissait de pouvoir démontrer, en institutionnalisant un mécanisme de notation ad hoc cautionné par une université prestigieuse, que l’off-shore était une alternative sérieuse aux développements classiques ; quant au savoir-faire recherché chez la CMU, c'était celui d'une entreprise en Best Practice que la CMU avait acquis avec le référentiel CMMI [9].

    Notre enquête « 60 secondes pour apprécier la valeur réelle des Best Practices » suggère que le modèle d’affaires de ce type d’entreprise est largement méconnu.

    Leur publicité pourrait inspirer les réflexions en cours sur les mesures à prendre pour installer durablement la France dans le peloton de tête des nations numériques et promouvoir le savoir-faire origine France.






    [1] Pour les entreprises françaises, c’est un duopole formé par Bull et IBM.
    [2] Union Internationale des Télécommunications, http://www.itu.int
    [3] C’est la norme CCITT M.30 dont les « drafts » sont sortis en 1989.
    [4] itSMF, UK, www.itsmf.co.uk. ITIL® and IT Infrastructure Library® are registered trade marks of Cabinet Office. En l'absence de travaux académiques d’historiens, il est délicat de faire la part entre l’histoire et la communication d’entreprise et nous invitons nos lecteurs à commenter les cas échéant nos informations.
    [5] Réalisée de mai à avril, cette enquête en ligne a la particularité de produire des statistiques transparentes : mises à jour en temps réel, les statistiques sont présentées au répondant ou simple visiteur dès la fin du questionnaire sans obligation d’enregistrement, permettant d’en suivre la construction et en apprécier la pertinence. http://fr1.open-creative-survey.eu
    [6] « Réponses stratégiques des gestionnaires de projets SI aux influences des pratiques de gestion institutionnalisées ». Muriel Mignerat et Suzanne Rivard, Congrès de l’ASAC, Juin 2007.
    [7] http://www.itil-officialsite.com La politique de gestion des droits étant en cours de révision, l’accès à certaines pages a été supprimé.
    [8] Press release Nov 19. 2001, Pittsburgh. “Carnegie Mellon launches system to rate IT-enabled outsourcing services providers with support from Satyam Computer Services, Ltd Accenture and others”.
    [9] www.sei.cmu.edu/cmmi/. La Best Practice en question est désigné par eSCM, « eSourcing Capability Model ». Ses droits sont actuellement exploités par une spin-off de CMU, ITSqc LLC


    Mise à jour septembre 2018 

    Trophée innovation numérique 2015

    Le Trophée IT Innovation Forum catégorie Enterprise Mobility / Collaboratif a été décerné à l'innovation frugale Personal MOOC par le vote des quelques 200 membres du Club des Responsables d'Infrastructure et de Production (CRIP) lors de l'IT Innovation Forum du 27 janvier.
    Communiqué sur le site de Dô-Khac Decision